C’est le passage par une école d’art qui lui a révélé ses véritables aspirations, après une formation complète de céramiste et l’exercice de la poterie utilitaire. Depuis lors, Pablo Castillo s’oriente vers la sculpture figurative, dans la lignée des potiers-sculpteurs, comme Jean Carriès parmi tant d’autres, et des arts populaires de terre cuite. Grâce à l’ancestrale technique du colombin, il façonne les volumes en grès, petit à petit jusqu’à leur forme définitive, avant de réaliser un décor peint pour donner aux pièces leur vibrante polychromie. Il émaille de symbolisme et de psychologie, son univers onirique, volontiers naïf et profondément inspiré de l’univers du conte et de la fable et de celui de la mythologie, ainsi que certains travaux sur l’analyse du rêve.
Anne Lajoix/Historien de l’art
(…)Les œuvres de Pablo Castillo, qu’elles soient des sculptures animalières, humaines ou zoomorphes, racontent des histoires mais pas des anecdotes ; elles sont bavardes de par leurs attitudes, leurs accessoires, leurs mises en scène, mais elles parlent de manière poétique et nous renvoient à l’enfance, à la sagesse des légendes ou de la mythologie. Et si nous n’avons pas les mêmes références que le jeune Pablo a pu entendre dans les contes espagnols fantastiques et picaresques, nos propres souvenirs de contes de fée, de fables de Jean La Fontaine, de dessins de Benjamin Rabier peuvent tout autant nous renvoyer à des histoires connues, à un patrimoine collectif, ou nous inciter à une réflexion plus actuelle sur l’évolution des rapports de l’homme à l’animal, aujourd’hui une plus cruelle réalité… La vitalité de la créativité dans le domaine de la littérature, de la bande dessinée ou des dessins animés pour les enfants interpelle tous les publics, renouvelle les récits initiatiques et crée des liens entre ces différents types d’expression.
Comme l’a écrit Patrick Favardin, « le monde animal est devenu l’une des grandes thématiques d’un art réellement d’aujourd’hui. » Et parmi les nombreux sculpteurs céramistes qui ont choisi cette voie, Pablo Castillo en est un maître incontesté.
Nicole Crestou, artiste,extrait du discours d’inauguration de l’exposition au centre céramique contemporaine de La Borne
(…)En voulant « rentrer dedans, taper, lutter, donner de la vigueur, de l’énergie, de la vie », comme le confie Pablo Castillo a la journaliste Pascale Nobécourt, il entend lutter pour créer de nouveaux territoires oniriques ou l’humain trouve sa première place. Le monde animal est devenu l’une des grandes thématiques d’un art réellement d’aujourd’hui. Libre par définition, il lui revient de dire la souffrance, l’émotion, la dérision, toutes choses interdites par les tenants de l’art officiel.(…) Pablo rejoins ainsi les arpenteurs de ces contrées nouvelles ou, sous les auspices de l’humour, le monde des rêves de marie aux aléas d’une culture mondialiste. Ses œuvres sont autant de fontaines ou nos esprits épuisés peuvent étancher leur soif, même si l’eau relève d’une saveur aigre-douce.
Patrick Favardin, expert, extrait de la revue de la céramique et du verre n°193